Présentation par Gil CHARBONNIER

L’éthique au cœur des affaires

 

 

À un moment où, les conséquences de la crise financière de 2008 sont encore visibles, il importe de replacer l’éthique au cœur de la vie des affaires. C’est la principale direction du Centre d’Ethique Economique et des Affaires, créé par le Pr Jean-Yves Naudet, à travers des activités de recherche et d’enseignement. Le CREEADP propose en effet deux colloques annuels, l’un en février centré sur des problématiques internationales comme la gestion du patrimoine culturel européen (colloque de 2018), l’autre, en juin, plus particulièrement axé sur des thèmes d’éthique économique, l’émergence de la société numérique (colloque de 2015), par exemple. L’enseignement de l’éthique des affaires fait l’objet d’un DESU pluridisciplinaire (droit, économie, philosophie, lettres) ouvert aux étudiants de Master 1ou 2 et de doctorat et accessible (sur dérogation) aux étudiants en formation initiale en L2 et L3. Il s’adresse aussi à ceux qui, déjà engagés dans la vie professionnelle, sont soucieux d’enrichir leur parcours grâce à une formation innovante.

L’éthique est désormais présente dans tous les champs d’activité. Au plan économique et social, elle accompagne la montée en puissance de la RSE (Responsabilité Sociale de l’Entreprise) qui construit une autre vision de l’entreprise. Fondée sur la liberté, l’initiative privée et la créativité personnelle, l’entreprise conjugue aujourd’hui ses objectifs légitimes de profit avec la recherche d’une nouvelle idée du bien commun. Les efforts de transparence pour prévenir les risques climatiques et environnementaux relèvent de ce processus général d’éthique, au même titre que la prise en compte d’une nouvelle sphère relationnelle entre parties prenantes, entrepreneurs, salariés, clients, fournisseurs, collectivités territoriales…L’une des vocations du CREEADP est de réfléchir à cet investissement éthique des entreprises en interrogeant à la fois le droit et l’économie. En la matière, quels sont en France les véritables pôles de décision ? Entre l’État législateur, le marché, la société civile, les entrepreneurs, où situer l’espace en lequel s’élaborent à la fois l’innovation et la régulation ?

Au plan sociétal, les défis sont de même grandeur, aussi bien en bio éthique que dans les domaines de l’intelligence artificielle, par exemple. Sur ces aspects sensibles, le progrès exige une réinvention nourrie cependant des valeurs humanistes fondatrices. Ce sont ces repères qui permettent de répondre aux sujets d’indignation, relatifs aux inégalités, aux phénomènes de corruption, aux atteintes aux droits humains. La moralisation de la vie politique, c’est-à-dire l’aspiration à des pratiques renouvelées de « bon gouvernement » est également notre préoccupation, laquelle se place sous le signe d’une éthique du pouvoir et de ses institutions : « une vie bonne, avec et pour autrui, dans des institutions justes » comme l’affirme le philosophe Paul Ricœur.

Ces questions d’éthique fondamentales, nous les traitons au sein de notre diplôme, en nous appuyant sur les humanités, mais dans la perspective de l’activité professionnelle, au cœur des entreprises, des associations, des administrations. Dans ces structures privées ou publiques, les conflits d’ordre éthique sont permanents. Leur traitement suppose d’en comprendre les raisons, de savoir discerner les enjeux, de savoir aussi décrypter les arrière-plans culturels avant de proposer des solutions. Ces compétences font désormais partie du travail des cadres. Dans toutes les organisations se mettent en placent des chartes éthiques, des politiques de développement durable, des comités d’éthique etc. L’éthique devient ainsi un outil de gestion intégré qui joue un rôle central dans l’économie. C’est pourquoi nous proposons ce diplôme pluridisciplinaire aux étudiants en sciences sociales et humaines (droit, économie, lettres) et que nous mettons notre expertise à la disposition des entreprises.